

Lettre à Joséphine
Promenade en images à travers nos collections sur les traces de Napoléon amoureux.
Le jeune Bonaparte est au premier regard fasciné par Joséphine, rencontrée lors d'un diner mondain en 1796. Il ne cesse d'être sous le charme de cette jeune veuve. Fou amoureux et passionné, Bonaparte n'imagine plus la vie sans elle. Il l'épouse civilement moins de deux mois après leur rencontre, le 9 mars 1796. Commence alors une grande correspondance amoureuse. Le génie militaire craint de toute l’Europe, y apparaît tendre et sentimental : Napoléon l’amoureux.
Une citation de leur correspondance suffit à résumer la passion qui anime le jeune Bonaparte à leur première rencontre :
"Incomparable Joséphine, par quel art as-tu su captiver toutes mes facultés, concentrer en toi toute mon existence morale ? C'est une magie."
La Rose de Malmaison, Hector Viger
(C) RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Franck Raux
Lettre de Napoléon à la belle Joséphine du 30 mars 1796
"Je n’ai pas passé un jour sans t’aimer ; je n’ai pas passé une nuit sans te serrer dans mes bras ; je n’ai pas pris une tasse de thé sans maudire la gloire et l’ambition qui me tiennent éloigné de l’âme de ma vie. Au milieu des affaires, à la tête des troupes, en parcourant les camps, mon adorable Joséphine est seule dans mon cœur, occupe mon esprit, absorbe ma pensée. Si je m’éloigne de toi avec la vitesse du torrent du Rhône, c’est pour te revoir plus vite. Si, au milieu de la nuit, je me lève pour travailler, c’est que cela peut avancer de quelques jours l’arrivée de ma douce amie, et cependant, dans ta lettre du 23 au 26 ventôse, tu me traites de vous.
Vous toi-même ! Ah ! mauvaise, comment as-tu pu écrire cette lettre ! Qu’elle est froide ! Et puis, du 23 au 26, restent quatre jours ; qu’as-tu fait, puisque tu n’as pas écrit à ton mari ?… Ah ! mon amie, ce vous et ces quatre jours me font regretter mon antique indifférence. Malheur à qui en serait la cause ! Puisse-t-il, pour peine et pour supplice, éprouver ce que la conviction et l’évidence (qui servit ton ami) me feraient éprouver ! L’Enfer n’a pas de supplice ! Ni les Furies, de serpents ! Vous ! Vous ! Ah ! que sera-ce dans quinze jours ?…
Mon âme est triste ; mon coeur est esclave, et mon imagination m’effraie… Tu m’aimes moins ; tu seras consolée. Un jour, tu ne m’aimeras plus ; dis-le-moi ; je saurai au moins mériter le malheur… Adieu, femme, tourment, bonheur, espérance et âme de ma vie, que j’aime, que je crains, qui m’inspire des sentiments tendres qui m’appellent à la Nature, et des mouvements impétueux aussi volcaniques que le tonnerre. Je ne te demande ni amour éternel, ni fidélité, mais seulement… vérité, franchise sans bornes. Le jour où tu dirais « je t’aime moins » sera le dernier de ma vie. Si mon coeur était assez vil pour aimer sans retour, je le hacherais avec les dents.
Joséphine, Joséphine ! Souviens-toi de ce que je t’ai dit quelquefois : la Nature m’a fait l’âme forte et décidée. Elle t’a bâtie de dentelle et de gaze. As-tu cessé de m’aimer ? Pardon, âme de ma vie, mon âme est tendue sur de vastes combinaisons. Mon cœur, entièrement occupé par toi, a des craintes qui me rendent malheureux… Je suis ennuyé de ne pas t’appeler par ton nom. J’attends que tu me l’écrives. Adieu ! Ah ! si tu m’aimes moins, tu ne m’auras jamais aimé. Je serais alors bien à plaindre..."
Dans les armoires de Joséphine
La Malmaison, Joséphine Bonaparte
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